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Les réalités du mariage forcé

Les Réalités Du Mariage Forcé

Le mariage forcé : définition

Un mariage forcé, qu’il soit civil, religieux ou coutumier consiste pour les parents, la famille élargie, parfois le clan, à obliger une personne, fille ou garçon, à en épouser une autre contre son gré, c’est-à-dire sans son consentement.

Dès lors que le consentement fait défaut, le mariage est conclu sous la contrainte : il est forcé. La notion de consentement est primordiale, son absence ou son obtention sous la contrainte, la violence, le chantage, ou encore la peur de décevoir la famille, engendre le caractère forcé d’un mariage.

Le mariage forcé est une violence incompatible avec la dignité et le respect de la personne humaine. C’est une violence fondée sur le genre parce qu’elle s’exerce dans la grande majorité des cas à l’encontre des femmes, même si les hommes peuvent également être concernés, tout particulièrement s’ils sont homosexuels.

Le mariage forcé porte atteinte aux droits fondamentaux de la victime et en particulier à son intégrité psychologique et physique.

Il engendre également des violences sexuelles qui peuvent aller jusqu’au viol au moment de la nuit de noces et pendant toute la période de vie commune contrainte.

Le contrôle de la sexualité est un élément clé du mariage forcé puisque la victime ne choisit pas son partenaire et se voit imposer des actes sexuels.

Le mariage forcé impacte également la scolarité et la vie professionnelle.

Enfin, le mariage forcé peut également porter atteinte à la vie-même de la victime en cas de crime dit d’« honneur » ou de décès causé par une grossesse à risque et non désirée.

¹ Dans le rapport explicatif de la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe la « violence à l’égard des femmes fondée sur le genre » est définit comme « la violence fondée sur le genre désigne tout type d’acte préjudiciable perpétré contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur sexe, de leur genre, de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre, réels ou perçus ».

Les violences inhérentes au mariage forcé

Les violences exercées avant le mariage forcé

AVANT le mariage forcé, quels sont les signaux d’alerte ?

Les pressions familiales ont déjà commencé :

« D’abord, nos parents et la famille tentent de nous convaincre que c’est pour notre bien, qu’à notre âge, nous ne pouvons soi-disant pas choisir nous-même quelqu’un qui saura nous rendre heureuse… »

Elles peuvent conduire à un véritable harcèlement :

« Au début, nos parents parlent doucement puis, si on se défend, ils se mettent à hausser le ton, à crier ou même à pleurer, jusqu’à une heure tardive de la nuit s’il le faut, l’objectif étant de nous faire plier : tant que je n’avais pas dit oui, ils m’ont interdit d’aller dormir »

Dès lors qu’on EXPRIME NOTRE DÉSACCORD, on subit des menaces verbales et/ou du chantage affectif pour nous culpabiliser.

« Avec tout ce qu’on a fait pour toi, c’est comme ça que tu nous remercies » ;

« Je vais renvoyer ta mère au pays si tu n’obéis pas » ;

« On mariera ta sœur à ta place si tu refuses de l’épouser » ;

« Je vais divorcer de ta mère à cause de toi » ;

« Ta grand-mère va mourir si tu ne vas pas la voir » ;

« Si tu ne te maries pas, je te raye du livret de famille ».

Parfois, les pressions prennent la forme de menaces de mort ou d’incitation au suicide

« Marie-toi ou tue-toi »

Quand on s’oppose, on subit des humiliations et des restrictions de liberté :

– interdiction de partager les repas avec nos frères et sœurs
– suppression définitive du portable et de tout moyen de communication
– limitations strictes des sorties, voire interdiction totale de sortir et même d’aller à l’école ou à la fac

Les violences peuvent être psychologiques, physiques et sexuelles.

Les insultes sont des violences psychologiques :

« L’école, ce n’est pas pour toi, t’es qu’une bonne à rien, de toute façon t’as rien appris pour être une femme comme il faut, estime-toi heureuse que ton cousin veuille bien de toi »

« C’est parce que t’as déjà fait la pute que tu ne veux pas te marier, hein, c’est ça ? »

Exemples de violences physiques :

  • gifles
  • coups
  • blessures
  • tabassage

« Mon frère m’a jetée contre le mur de l’entrée, il m’a dit que j’étais une bonne à rien, à sortir dehors avec un noir ; que j’allais déshonorer la famille, il m’a tapée, tapée, je le suppliais d’arrêter, quel mal ai-je fais d’aimer ?»

« Mon père me coupait l’eau chaude quand je prenais ma douche pour me punir d’avoir refusé ».

La vérification d’hymen est une atteinte sexuelle qui de plus ne permet pas, pour des raisons physiologiques, d’attester de l’absence de relation sexuelle : une femme sur cinq nait sans hymen et certains hymens sont particulièrement souples.
Les professionnels de santé, médecins compris, n’ont pas le droit de délivrer de « certificat de virginité » : la loi l’interdit (article L 1110-2-1 du Code de la santé publique).

Pour contraindre physiquement au mariage, la famille recours souvent :

A l’envoi au pays d’origine, par la force ou par la surprise

« C’est ma grand-mère qui m’a élevé. Lorsque mon père m’a fait croire qu’elle était en train de mourir, j’ai pris en urgence un billet d’avion pour Dakar… sauf que ce qui m’attendait là-bas, c’était ma pauvre cousine aussi peu consentante que moi pour « notre » mariage, avec la complicité de mon oncle qui pense que le mariage va me rendre hétérosexuel »

A l’enlèvement et/ou la séquestration

Pour plus d’informations, nous te renvoyons vers le conscientomètre, un outil élaboré par Voix de Femmes en collaboration avec des personnes concernées par le mariage forcé.

Conscientomètre

Les violences exercées après le mariage forcé

APRÈS le mariage forcé : les violences s’aggravent et se multiplient.
Violences sexuelles : la notion de « rapports sexuels » n’existe pas dans un mariage forcé, il n’y a que du viol, car à défaut de consentement lors du mariage, les rapports en résultant sont contraints, et ce dès la nuit de noce.

  • Contrôle exacerbé de la vie sociale
  • Isolement, séquestration
  • Violences conjugales
  • Exploitation domestique par la belle famille
  • Grossesses non désirées

Si la victime est à l’étranger, empêchement du retour en France

Toutes les violences infligées en amont du mariage forcé peuvent aussi se produire ou se prolonger après le mariage forcé, notamment si la victime continue de manifester son désaccord ou si elle fait une demande de divorce.

« Ma mère m’a dit peu importe si tu meurs de souffrance, je n’irai pas sur ta tombe, une femme mariée ne divorce pas ».

Dans certaines familles, le divorce est impossible à envisager même si le mari est violent car « s’il nous tape, c’est qu’il doit avoir une bonne raison ».
Risque d’assassinat (crime dit « d’honneur »).

Tous ces violences sont punies par la loi : la plupart constituent des délits, mais les plus graves peuvent être qualifiées juridiquement de viols ou d’actes de torture et de barbarie, ce sont alors des crimes.

Vous subissez de pareilles violences ou vous êtes en contact avec une personne concernée ? Dans ce contexte il est vivement recommandé de demander conseil auprès d’une personne de confiance.

FOCUS : les violences liées à l’honneur

Les violences prétendument liées à l’« honneur », qui peuvent aller jusqu’à l’assassinat, sont perpétrées par un ou plusieurs membres de la famille, du village ou de la communauté de la victime, en général d’une jeune fille ou d’une jeune femme, plus rarement d’un garçon ou d’un jeune homme.
Ces exactions sont commises uniquement parce que la victime aurait enfreint le « code d’honneur » familial (tribal ou clanique) en refusant un mariage forcé. Pour ces familles, c’est la communauté ou le groupe qui prime sur l’individu.

Les agresseurs invoquent diverses raisons, notamment le fait :

  • D’avoir été violée par un inconnu ou par un membre de la famille
  • De refuser le harcèlement sexuel d’un notable de la famille
  • De refuser un mariage arrangé ou forcé
  • De vouloir se marier avec l’homme de son choix sans l’accord de sa famille
  • D’avoir une relation sexuelle avant le mariage
  • D’avoir un enfant hors mariage
  • De ne pas « saigner » le jour de la nuit de noces
  • De demander le divorce, quel qu’en soit le motif (violences, adultère du mari, mariage sans amour).
  • D’une simple rumeur, de la suspicion d‘une relation ou d’avoir simplement été vue avec une personne du sexe opposé.

Conséquences à long terme du mariage forcé

Selon l’OMS, les grossesses précoces sont la principale cause de mortalité des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans dans le monde.

Selon les chiffres de l’association Voix de Femmes en 2020, au moins 10% des femmes mariées de force se sont vu notifier l’interdiction d’étudier, de travailler ou se sont vu confisquer leur salaire.

Le mariage forcé impacte l’ensemble de la vie des personnes concernées, parfois sur le très long terme. C’est pourquoi il est important de prévenir cette violence le plus tôt possible avant qu’elle n’impacte :

  • L’estime de soi
  • L’intégrité
  • La liberté
  • La dignité
  • La sécurité
  • La santé
  • La scolarité
  • La vie professionnelle
  • L’autonomie financière
  • La vie affective et familiale
  • La vie amoureuse et conjugale
  • La vie amicale et sociale
  • Les rêves et nos ambitions
  • L’avenir et celui de jeunes femmes et hommes sur plusieurs générations dans le monde

Cette liste a été établie par le collectif « Les Intrépides », ambassadrices Voix de Femmes de la campagne pour l’instauration d’une Journée internationale de lutte contre le mariage forcé.